N°140 : La neutralisation des condensats d’une chaudière à condensation individuelle alimentée en gaz naturel est-elle exigée ?

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Non, à ce jour aucune réglementation nationale n’exige le traitement des condensats émis par les appareils à combustible gazeux à usage domestique (raccordés à un conduit individuel ou à un conduit collectif de type 3 CEp), avant évacuation vers le réseau des eaux usées. Cependant, il convient de vérifier localement les règlements de service d’assainissement ou les règlements sanitaires car ces textes peuvent l’imposer.

Echelle de pH (source Viessmann)
Echelle de pH (source Viessmann)

Les condensats résultent de la condensation de la vapeur d’eau présente dans les produits de combustion. Un partie du CO2 émis lors de la combustion se dissout dans l’eau et se transforme en acide carbonique faisant ainsi chuter le PH (acidification) de ce sous-produit. Ce phénomène se produit, pour une large part, dans l'appareil et se poursuit dans le conduit d'évacuation des produits de combustion.

Contexte réglementaire

Aucune réglementation nationale à ce jour n’encadre explicitement et spécifiquement l’évacuation des condensats (neutralisés ou non) émis par les appareils domestiques à combustible gazeux au travers d’un système d’évacuation (qu’il soit dédié aux eaux usées ou aux eaux pluviales). Il existe bien différents textes traitant du déversement d’effluents dans les réseaux d’évacuation mais aucun ne fait expressément mention des rejets de chaudières à condensation.

D’autre part, la norme NF EN 12056-1 (novembre 2000 relative aux réseaux d'évacuation gravitaire à l'intérieur des bâtiments) précise que « L'écoulement de condensats émis par les appareils à combustion ne doit se faire que dans des systèmes d’évacuation résistant aux eaux usées d’une valeur de pH inférieure à 6,5. Les réglementations nationales et locales peuvent exiger le prétraitement des condensats. ». Mais son application demeure volontaire et de fait aucunement obligatoire.

Reprenons quelques éléments de réflexion relatifs au rejet des eaux de condensation pour mieux comprendre cette situation :

  • Le rejet théorique d'eau étant d'environ 1 600 g/m3 de gaz, on peut évaluer à 4 000 litres d'eau la production annuelle maximale d'une chaudière domestique.
  • Le pH des eaux de condensation est de l'ordre de 4 à 5, ce qui permet de les inclure dans les eaux ménagères qui font partie des eaux domestiques définies par le règlement type d'assainissement.
  • Les eaux domestiques ont naturellement un caractère alcalin du fait des grandes quantités de produits lessiviels utilisés pour les nettoyages, et représentent quelque 200 litres par personne et par jour, soit 250 m3 par an pour une famille de cinq personnes.
  • Le volume des condensats de chaudières à condensation représente donc environ 1% du rejet des eaux usées domestiques.
  • Des analyses chimiques de condensats, d'une part, et d'effluents des machines à laver le linge, d'autre part, ont été effectuées en vue de préciser le pouvoir tampon de ces dernières. Elles ont permis de conclure à une excellente neutralité, le pH résiduel restant alcalin.

Il n’a donc paru pas nécessaire de réglementer le rejet des condensats des chaudières domestiques, leur évacuation relevant des seules règles de l'art. Il n'en reste pas moins que le caractère légèrement corrosif des condensats a bien évidemment été retenu tant par les constructeurs que par les laboratoires et l'administration comme un des éléments à surveiller lors des essais et de l'utilisation des chaudières à condensation. 
Il semble, cependant, pertinent de s'informer auprès de l'autorité responsable du service local des eaux des éventuelles prescriptions lo­cales en vigueur.

 

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