Carte d'identité
- Date des travaux :
- été 2023
- Localité :
- Rézé (Loire Atlantique)
- Type de bâtiment :
- 12 logements en R+3
- Superficie :
- 762 m2
- Maître d'ouvrage :
- Atlantique habitations
- Bureau d'études thermiques :
- Erese
- Solution retenue :
- 1 chaudière de 45kW existante couplée à 2 PAC de 13 kW chacune
Construite en 2012, la résidence Les Alcéas, gérée par Atlantique Habitations, comprend douze logements sociaux en R+3, conformes à la RT 2005 et raccordés au gaz. La résidence utilisait une chaudière murale de 45 kW couplée à quatre chauffe-eau thermodynamiques (CET) air/eau installés dans les combles, permettant de profiter d’une énergie renouvelable. Après la panne prématurée d’un CET (10 ans au lieu de 17), il a fallu trouver une solution fiable sans interrompre le service ni nuire au confort. Remplacer le CET à l’identique a été écarté pour éviter le risque de légionelles. Plusieurs options ont été envisagées, comme l’installation d’une pompe à chaleur (PAC) pour l’ECS ou une solution 100 % PAC, mais l’espace disponible était insuffisant. Finalement, une solution hybride, associant la chaudière gaz à des pompes à chaleur, a été retenue.
Coût de l'opération
Durée du chantier
réduction des consommations
Introduction : Une première pour Atlantique Habitations... et pour Erese
Pour la maîtrise d’ouvrage, le recours à une solution PAC hybride est une première, mais s’inscrit dans l’objectif de réduire l’empreinte carbone. Habituellement, les bâtiments sont raccordés à des réseaux de chaleur alimentés en énergie renouvelable, mais ce n’est pas toujours possible. D’où la recherche de solutions adaptées pour les ensembles bien isolés. L’hybridation permet d’utiliser une énergie renouvelable via les PAC, tout en gardant le gaz comme appoint. La résidence Les Alcéas, déjà raccordée au gaz et équipée d’une chaudière en bon état, a permis d’installer des PAC air/eau moins puissantes et moins encombrantes qu’une solution 100 % PAC.
En phase d’avant-projet, une étude de la puissance appelée heure par heure sur l’année a permis de dimensionner les équipements selon les taux de couverture attendus des PAC et de la chaudière. Sur des sites plus grands, les PAC représentent environ 30 % de la puissance installée, pour un taux de couverture annuel de 70 %, afin de limiter l’investissement pour le client.
Un schéma hydraulique simplifié
L’installation comporte deux PAC air/eau Weishaupt de 13 kW chacune, associées à une chaudière gaz existante de 45 kW pour limiter la dette carbone. Les PAC sont dimensionnées pour couvrir 30 % des besoins en chauffage, avec une redondance : l’une dédiée au chauffage, l’autre au préchauffage de l’ECS et pouvant compléter le chauffage. Ce choix permet d’atteindre un taux de couverture des PAC de 80 % sans dépasser le budget du bailleur social. Les PAC fonctionnent en priorité toute l’année, assurant le chauffage de base et le préchauffage de l’ECS à 50 °C. Les trois générateurs sont hybridés en bivalence parallèle, la chaudière venant en appoint. Une carte électronique permet la communication entre la chaudière et les PAC. Pour le chauffage, les PAC alimentent un ballon tampon de 200 l, avec une température de départ de 55 °C par -5 °C extérieur. La production d’ECS est assurée par la PAC double service, avec un préchauffage à 50 °C, puis un appoint de la chaudière pour atteindre 60 °C, température minimale contre la légionellose. Ce système hybride offre un avantage : en cas de panne d’une PAC, la chaudière prend le relais, réduisant l’urgence d’intervention et assurant le confort des résidents, priorité du maître d’ouvrage.
Un chantier rationalisé
Les travaux ont été planifiés durant l’été 2023 pour garantir la continuité de service et la production d’ECS, alors que le chauffage était coupé. Un mois a été nécessaire pour reconfigurer l’installation. Trois CET ont été utilisés provisoirement pour assurer l’ECS pendant les travaux, avec un agencement temporaire des ballons, dont le nouveau ballon tampon associé aux PAC. Une fois la nouvelle installation prête, la bascule et le raccordement des PAC ont été réalisés. Les deux unités extérieures des PAC ont été installées en toiture-terrasse sur plots antivibratiles pour limiter les nuisances sonores. Le choix de PAC de puissance réduite a permis d’éviter le recours à un bureau d’études acoustiques et de simplifier le raccordement électrique. La résidence dispose d’un compteur ≤ 36 kVA, segment C5 ; une solution 100 % PAC aurait nécessité un changement de compteur et d’abonnement, impliquant des démarches longues auprès d’Enedis et un passage au segment C4 (tarification pour puissance supérieure à 36 kVA). Pour garantir la continuité de service d’ECS et répondre à l’urgence, ce choix s’est imposé.
Un bilan énergétique concluant, confirmé par l'instrumentation
Pour obtenir un suivi en temps réel des performances de cette solution hybride mixant chaudière gaz et pompes à chaleur et conforter Atlantique Habitations dans ce choix, GRDF a mis en place une instrumentation légère. Celle-ci était composée d’un compteur volumétrique sur l’alimentation en eau froide de la production d’ECS, de deux sous-compteurs électriques sur les compresseurs de chacune des PAC, d’un compteur énergétique en départ chauffage et d’un compteur gaz dédié à la chaudière. Le bailleur social a ainsi pu obtenir le bilan énergétique de la chaufferie hybride de la résidence Les Alcéas sur une année complète de fonctionnement. Pour l’ensemble des parties prenantes, le bilan se révèle concluant, comme en témoigne Vincent Langouët : « Nous sommes très satisfaits, puisque nous avons eu la démonstration que les PAC sont en mesure d’assurer un taux de couverture compris entre 70 % et 80 % sur l’année. »
- Sur l’année, le coefficient de performance (COP) moyen se situe autour de 3 (courbe bleue), pour un taux de couverture global d’environ 72 % (le record, 78 %, ayant été atteint en décembre 2024).
- En janvier 2024, le dysfonctionnement de l’une des deux PAC explique la part de gaz plus importante que sur les autres mois. Ce problème provenait d’une carte électronique défectueuse, elle-même impactée par une sous tension passagère du réseau électrique du quartier, ayant provoqué une surintensité et mis la PAC hors service pendant plusieurs semaines.
- Cette indisponibilité a dégradé la performance annuelle, d’autant plus que le mois de janvier impose une forte rigueur climatique en zone H2b. Des onduleurs ont depuis été installés sur les alimentations électriques des PAC afin d’éviter ce type d’incident.
- Après travaux, les consommations d’énergie ont baissé de 37 % (consommations de gaz divisées environ par 2,5, consommations d’électricité en hausse de 60 %) et les émissions de CO2 ont été divisées par 2.
Données récoltées entre janvier et décembre 2024 grâce à l’instrumentation de la résidence Les Alcéas
Hugo François
chargé d’affaires, Erese
Vincent Langouet
responsable maintenance et sécurité du patrimoine d’Atlantique Habitations
Marie-Laure Bommé
responsable technique du département énergie, Atlantique Habitations
À RETENIR
- Sortie de terre en 2012, la résidence était à l’origine équipée d’une chaudière murale gaz de 45 kW ainsi que de quatre CET en série, chargés de fournir l’eau chaude aux locataires.
- La panne de l’un des CET a précipité la reconfiguration technique de la chaufferie, au profit d’une solution hybride : la chaudière gaz a été conservée, les CET restants ont été déposés et remplacés par deux PAC air/eau de 13 kW chacune.
- Les PAC et la chaudière fonctionnent en bivalence parallèle pour une décarbonation maximale : la priorité est laissée à la production des PAC, la chaudière venant en appoint.
- L’installation a fait l’objet d’une instrumentation pendant un an. Les mesures révèlent un taux de couverture par la PAC de 72 % et une réduction des consommations d'énergie de 37%