Evolution des besoins d’ECS en résidentiel

Dossier technique

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Les valeurs habituellement utilisées par la profession pour les besoins ECS sont relativement anciennes et souvent divergentes. L’Ademe s’est donc emparé du sujet avec l’appui du Costic et de nombreux industriels, et a récemment publié le guide technique « Les besoins d’eau chaude sanitaire en habitat individuel et collectif ». Grâce à plus de 15 500 relevés annuels de compteurs et 400 instrumentations analysées, la mise à jour de ces valeurs a été possible. Focus sur les principales évolutions de ces besoins.

1. Evolution du nombre de logement standard

Suite aux différents relevés de consommations, une distinction ente le parc privé et le parc social a été introduite pour le calcul du nombre de logements standards. Le tableau ci-après présente cette évolution.

Evolution du coefficient de conversion en logement standard

  Studio T2 T3 T4 T5 T6
Equipements Douche Douche Douche et baignoire Douche et baignoire Baignoire Douche et baignoire
Ancienne méthode 0,6 0,6 1,3 1,3 1,2 1,3
Nouvelle méthode - Parc social 0,6 0,7 1 1,4 1,8 1,9
Nouvelle méthode - Parc privé 0,6 0,7 0,9 1,1 1,3 1,4

 

Pour un immeuble composé de 36 logements réels (6 T2, 20 T3, 5 T4, 2 T5 et 3 T6), on obtient en nombre de logement standards :

  • Ancienne méthode : 42,5
  • Nouvelle méthode dans le parc social : 40,5
  • Nouvelle méthode dans le parc privé : 34,5

Soit une différence de 6 logements entre le parc privé et le parc social.

2. Evolution du besoin journalier

Le besoin journalier d’un logement standard évolue également à 70 + 25 litres/jour à 60°C contre 120 litres/jour à 60°C.

3. Evolution de la pointe 10 minutes

Le débit de pointe 10 min à 60 °C pour une température d’eau minimale moyenne d’eau froide à 9 °C est ainsi estimé selon la formule suivante (pour n > 10) :

Vp_10 min à 60°C = 61*n0,503 avec n : nombre de logement

Précédemment, la formule utilisée était :

Vp_10 min à 60°C = 50*N*S

où N : nombre de logement standard et S : coefficient de simultanéité (S = (N-1) - 0,5 + 0,17)

La nouvelle formule donne donc des débits plus faibles que ceux calculés habituellement. Cet écart est de plus amplifié lorsque le nombre de logement augmente.

 

 

Evolution de la pointe 10 minutes avec la nouvelle méthode (données)
Evolution de la pointe 10 minutes avec la nouvelle méthode (données)
Evolution de la pointe 10 minutes
Evolution de la pointe 10 minutes

4. Evolution de la puissance instantanée

Le débit 10 minutes servant à déterminer la puissance instantanée, la puissance instantanée sera donc plus faible que celle calculée auparavant.

En effet, le calcul de la puissance se fait en utilisant la formule suivante :

P = 1,163 x 10-3 x (TECS - Tef) x (QECS - Vstockage) / T soutirage

 1,163 est la quantité d’énergie à fournir pour élever 1 litre d’eau de 1°C

TECS : la température d’ECS souhaitée : 60°C

Tef : la température de l’eau froide (°C)

QECS : volume d’ECS à produire

Vstockage : quantité d’ECS déjà stockée (litres) (= 0 dans le cas de l’instantanée)

T soutirage : le temps disponible pour produire l’ECS (heure) (ici 10 minutes = 1/6 h)

 

Toute les variables étant constantes d’une méthode à l’autre, la puissance ECS calculée par cette nouvelle méthode sera donc elle aussi plus faible que la puissance instantanée classique.Et comme pour le débit de pointe, la différence augmentera en lien avec le nombre de logement.

Evolution de la puissance instantanée avec la nouvelle méthode (tableau)
Evolution de la puissance instantanée avec la nouvelle méthode (tableau)
Evolution de la puissance instantanée (graph)
Evolution de la puissance instantanée (graph)

5. Evolution des profils journaliers de consommation

La méthode actuelle intègre également un pic de puisage le matin et le soir. Lors de ces pics de puisage, on considère que 75% du volume journalier est consommé.

Tph = 5 x N 0,905 / (15 + N 0,92) approximé le plus souvent par Tph = 1 / S

Ce temps Tph permettait de définir le couple volume de ballon / puissance chaudière à mettre en œuvre pour les installations dites semi-accumulées. Fort de ces instrumentations, l’Ademe montre que ces pics de puisage ont disparus et que la consommation d’un immeuble est beaucoup plus lissée. Ce lissage est principalement dû à une plus grande mixité sociale, générationnelle et professionnelle dans les immeubles.

Dans un immeuble classique on retrouve assez généralement :

  • Des jeunes et des personnes plus âgées,
  • Des familles nombreuses et des personnes seules,
  • Des personnes qui travaillent loin (donc qui se lèvent tôt), d’autres qui travaillent moins loin et d’autres encore sans emplois ou à la retraite,
  • Enfin des personnes qui travaillent à leur domicile et utilisent régulièrement de l’eau chaude sanitaire (les nounous par exemple)

Ainsi, les formules pour le calcul des pointes horaires ont également été revues.

Les besoins de pointes d’un immeuble sur 1 à 8 h, à 60 °C, en litres, pour une température minimale moyenne d’eau froide de 9 °C, peuvent être estimés à partir des équations suivantes (Ns étant le nombre de logement standard) :

Besoins de pointe d’un immeuble

Durée de la pointe Débit de pointe
1h Vp = 83 x Ns 0,708
2h Vp = 108 x Ns 0,773
3h Vp = 116 x Ns 0,815
4h Vp = 162 x Ns 0,789
5h Vp = 189 x Ns 0,784
6h Vp = 241 x Ns 0,758
7h Vp = 277 x Ns 0,750
8h Vp = 294 x Ns 0,762

 

En résumé, les besoins d’ECS en résidentiel ont fortement évolué et la question du dimensionnement des équipements de production (puissance et volume du ballon ECS) avec ce nouveau référentiel est donc posée. Un groupe d’experts sur le sujet mène d’ores et déjà des travaux pour aiguiller la filière.

Ma note :