Décret Tertiaire, petits ajustements, grosses économies

Dossier technique

Mis à jour le

Note moyenne :

5/5 (1 avis)

Olivier  Broggi

Olivier Broggi

Responsable efficacité énergétique - GRDF CEGIBAT

Le décret tertiaire impose aux bâtiments de plus de mille m² des économies d’énergie aux horizons 2030, 2040 et 2050 : Cf. Décret tertiaire : les grands principes.

Ce dossier propose d'illustrer les gains énergétiques obtenus en jouant sur les réglages des postes énergétiques et sur la sensibilisation des occupants.

La démarche classique quand on se lance dans le sujet consiste à faire un audit du site pour se rendre compte :

  • De l’isolation mise en place, la nature des vitrages, etc.
  • De la gestion du chauffage, consignes, débits,
  • De la présence ou non de certains équipements : LED, détecteurs de présence, … par exemple sur l’éclairage. Thermostats, sonde de température extérieure pour le chauffage, présence ou non de stores pour amoindrir la surchauffe d’été ou le recours à la climatisation, etc.
  • De repérer des dérives comme des salles de classe maintenues en température la nuit, les week-ends et pendant les vacances scolaires.
  • De juger le voisinage : une ouverture des fenêtres est-elle possible alors que le voisin est une école élémentaire avec de grandes récréations ?

Mais ces audits, très factuels, ne s’accompagnent que rarement d’interviews des occupants. Or de nombreuses économies sont à la clé.

Les objectifs de ces interviews sont multiples.

Elles permettent de comprendre comment fonctionne le site, si les équipements en place sont utiles, compris et bien utilisés : éclairage avec détecteurs de présence alors que la lumière naturelle suffirait par exemple. Également de voir si des changements de comportements sont à prévoir : mise en veille systématiques des ordinateurs le soir, etc.

Elles permettent aussi de sonder les croyances, la sensibilisation à la maîtrise de l’énergie des occupants.

De comprendre l’organisation du site : quelle part de télétravail alors que les bureaux sont des bureaux fermés et que l’ensemble du site est chauffé. Réinterroger le dispositif d’éclairage en place dans un open space. En période de télétravail un éclairage allumé à la demande par espace de travail qui se coupe automatiquement le soir n’est-il pas préférable à un éclairage de tout l’espace ?

D’évaluer si les occupants, disposent, ont compris et utilisent les moyens d’actions mis à leur disposition pour gérer leur confort. Dons de voir si des actions de sensibilisation sont à prévoir. En effet, les formations sur les dispositifs techniques (dispositif de réglage du chauffage, de la climatisation, …) déjà installés ou mis en place sont très souvent nécessaires afin que les utilisateurs se les approprient. En effet, une des conditions indispensables pour optimiser les pratiques est de rendre les occupants acteurs ce qui nécessite de mettre les personnes en capacité de pouvoir agir. Cela suppose qu’ils aient les dispositifs techniques qui leur permettent d’agir et qu’ils sachent les utiliser.

D’évaluer si un dialogue existe ou est possible entre les occupants et le gestionnaire du site qui ont souvent des objectifs différents.

D’évaluer les habitudes et les comportements. En effet, l’observation et la mesure sans explications des occupants peuvent conduire à se méprendre : par exemple, une fenêtre ouverte en période de chauffage est-elle un symptôme d’inconfort thermique (de surchauffe), olfactif (problème de ventilation) ou un simple oubli ? Il est nécessaire d’interroger les occupants pour comprendre cette pratique qui peut être récurrente ou ponctuelle.

Une interview du directeur permettrait de savoir s’il est prêt à laisser du temps à quelqu’un pour, par exemple, baisser tous les sores les matins d’été avant l’arrivée des salariés. Au contraire de tous les ouvrir en hiver pour bénéficier des apports gratuits et de la lumière naturelle. Du temps également pour sensibiliser les autres usagers aux écogestes.

Ces interviews peuvent également permettre d’évaluer jusqu’où les occupants sont prêts à aller pour générer des économies. Jusqu’où peut-on raisonnablement baisser les consignes ? Peut-on envisager de ne pas prendre l’ascenseur pour un déplacement jusqu’à deux étages ?, etc.

Enfin de bonnes interviews permettraient de collecter les bonnes idées de chacun afin de rendre participative la route de la maîtrise de ses consommations.

En synthèse ces interviews permettent de « jouer sur l’humain » dans la recherche des économies d’énergie et pas que sur l’enveloppe et les systèmes. Elles mettent en évidence des leviers moins conventionnels où de sensibles économies peuvent être atteintes à moindre coût.

 

Ci-dessous quelques beaux résultats obtenus après interviews, concertation avec les occupants et petits réglages.

Caractéristiques des bâtiments

Actions réalisées (liste non exhaustive)

% d’économies obtenues

Ville d’Angers
Ecole d’enseignement artistique
Bâtiment de 1841
6700 m²
Effectif : 1400
Optimisation des pratiques sur le multimédia, l’éclairage, le chauffage et la climatisation
Réglage des détecteurs de présence pour l’éclairage
Réglage de la courbe de chauffe
Optimisation des programmations horaires du chauffage et traitement d’air
Suppression d’éclairage
Ajout de ferme-porte
21%
Cité éducative
Bâtiment de 2012
4780 m²
Effectif : 500
Systèmes mal réglés
28%
La région Bretagne
Lycée Freyssinet à St Brieuc
Bâtiment des années 70
35 000 m²
Optimisation des pratiques
Optimisation du pilotage des installations
Installation de LED
Retrait des luminaires en surnombre par les élèves de BTS
Conception de vélo-station de rechargement pour les téléphones portables par les élèves de bac-pro
17%
Natixis
Banque des salles de marché
Bâtiment de 2003
22 402 m²
Effectif : 1715
Optimisation des pratiques chauffage, mise en veille systématique des ordinateurs et des imprimantes hors salle de marché, usage des escaliers, …
Optimisation du fonctionnement des groupes froid (ajout d’un bipasse)
Installation de LED, de détecteurs de mouvement dans les escaliers
Arrêt d’un éclairage sur deux sur la façade, dans les espaces de circulation, en salle de marché
20%
Fonds Belval
Immeuble de bureaux et 2000 m² de laboratoires
Bâtiment de 2009-2012
11 200 m²
Effectif : 249
Optimisation en chauffage, refroidissement, éclairage et ventilation
Désactivation des détections automatiques en journée pour l’éclairage des couloirs pour profiter de l’éclairage naturel
32%
Poste Immo Rennes
2 immeubles de bureaux
Bâtiment de 1974
18 000 m²
Effectif : 550
Optimisation des pratiques
Remplacement des détecteurs de présence dans les couloirs par des minuteries
Dans les parkings, arrêt du maintien à 14°C minimum et mise en place de capteurs de CO2 et de CO pour adapter la ventilation
Installation de LED
24% la première année
25% la seconde
Carmine SA
Entreprise de peinture, isolation, ravalement.
Bâtiment de 1978, 2500 m²
Optimisation des pratiques en bureautique, …
Installation de LED
12%

 

Et ici trois exemples détaillés d’économies réalisables avec une bonne concertation avec les occupants sur une école, un lycée et un immeuble de bureau (calculs théoriques). 3 PDF à télécharger à mettre impérativement dans l’ordre suivant : Ecole, lycée et bureaux.

Ma note :