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Réponse d'expert

N°191 : Peut-on envisager un consensus de la profession sur l’utilisation des valeurs et des facteurs de détermination de la puissance d’une chaufferie ?

Mis à jour le
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Non, les facteurs influençant la détermination de la puissance sont trop nombreux.

Dans la Réponse d’expert n°171 nous avons montré que pour un même projet, le dimensionnement de la puissance globale d’une chaufferie pouvait aller d’une puissance P à cinq fois cette puissance (en fonction du bureau d’étude). Nous nous sommes également interrogés sur l’utilité d’une méthode commune pour éviter tant de disparité. Quel est le bon dimensionnement d’une chaufferie ? Tentons d’aborder ce vaste sujet.

 

Dans un premier temps, avec quelques bureaux d’études, nous avons cherché à identifier les raisons qui pourraient inciter un bureau d’étude à déterminer une surpuissance.

En voici la liste non exhaustive :

  1. La puissance d’émission des radiateurs peut être réduite selon leur implantation en niche ou la mise en place de tablette. On peut être tenté, en prévision de ces configurations, d’envisager une surpuissance.
  2. La température extérieure : il peut arriver que la Tbase utilisée pour le calcul des déperditions ne corresponde pas aux températures les plus froides constatées (Ex : en Seine et Marne, une semaine à -10°C extérieur alors que Tbase indique -7°C).
  3. La température intérieure : la norme impose une température de 19°C, cependant beaucoup de personnes se chauffent à des températures supérieures.
  4. La température intérieure de chauffage utilisée pour le calcul. La température opérative de 19°C ne correspond pas à la température de l’air ambiant.
  5. Les défauts de mise en œuvre de l’isolant (mal façon) remettent en cause les performances thermiques de l’enveloppe initialement calculées.
  6. Isolants : Le lambda de l’isolant est souvent exagéré (comme le COP de 5 d’une PAC), donc on ne sait pas vraiment quel est le « U » de notre paroi.
  7. L’étanchéité à l’air : Le test de perméabilité réalisé par échantillonnage pose la question des appartements qui n’ont pas été soumis au test. Rappelons d’autre part qu’aucun test n’est exigé en tertiaire…
  8. Le Traitement des ponts thermiques : Est-il bien réalisé ?
  9. La ventilation et plus spécifiquement le réglage des débits hygiéniques. Souvent réglés beaucoup trop fort à la mise en service, les sur-débits d’extraction occasionnent des déperditions par renouvellement d’air supérieures à celles du calcul.
  10. L’implantation géographique : L’exposition au vent et à l’altitude ont-elles été bien prises en compte ? Idem concernant la prise en compte de l’ensoleillement ainsi que des masques éventuels ?
  11. La prise en compte de la mitoyenneté des bâtiments : L’occupation des bâtiments contigus limite les déperditions. Cependant, il est impossible de savoir comment évoluera l’occupation de ces bâtiments contigus.
  12. Les murs mitoyens : le voisin va-t-il couper son chauffage chaque fois qu’il part (prise en compte d’un coefficient de voisinage) ? Considère-t-on ces locaux non-chauffés ?
  13. Les rendements d’émission, de régulation… annoncés sont-ils pertinents ou surévalués ?
  14. La calorifugeage des canalisations a-t-elle été bien réalisée ?
  15. L’équilibrage a-t-il été effectué ? Si oui, a-t-il été bien fait ? Le cas inverse, il faut prévoir de la puissance pour atteindre la dernière colonne montante (une surpuissance en chaufferie coûte moins chère que l’intervention d’une entreprise pour un équilibrage dans 5 ans).
  16. L’inertie du bâtiment est-elle conforme aux calculs effectués ?
  17. Le coefficient de relance : J’applique celui énoncé dans la norme afin d’éviter tout problème ?
  18. Les volets/rideaux roulants : La norme ne précise pas si ces derniers sont ouverts ou fermés lors du calcul de la puissance. Faut-il considérer que tout le monde ferme ses volets le soir ?
  19. Si les occupants aèrent en permanence ou sur une période prolongée cela occasionnera plus de déperditions que prévu.
  20. Prise en compte du coefficient de sécurité ? J’applique ou non la règle des 2/3 ? Combien de chaudières ?
  21. Le seuil de modulation de la chaudière.
  22. L’adéquation entre la gamme de puissance des émetteurs proposés par les fabricants et les besoins estimés : Une pièce a besoin d’une puissance 933W mais le fabricant ne commercialise que des émetteurs de 900W ou 1000W. On va donc installer 1000W.
  23. Risque de faire la somme des radiateurs de chaque logement : Ce point est encore plus criant si on a mis la surpuissance de relance dans les émetteurs.
  24. Dimensionnement du circulateur positionné en pied de colonne : Où s’arrête la règle de la surpuissance si on a défini la surpuissance de relance au niveau des émetteurs ?
  25. Dimensionnement ECS : Faut-il du stockage ou de l’instantané ? Quid de la taille de la chaufferie laissé par le promoteur ?
  26. Les croyances : Un stockage d’eau chaude génère d’importantes déperditions statiques ainsi qu’un risque accru de légionnelles. Pour s’en affranchir on peut être tenté de partir sur une production ECS instantanée nécessitant une plus grosse puissance.
  27. Comment intègre-t-on la Puissance ECS avec la Puissance chauffage ? On fait la somme des deux ? On met en place une priorité ECS ? Fonctionnera-t elle dans le temps ? Cette notion rejoint celle des croyances (n° 26) car beaucoup de BET considèrent que l’on ne peut pas couper le chauffage plus d’une heure, même sur un immeuble neuf.
  28. Priorité ECS ? Comment ? Régul ou hydraulique ? Qui fonctionnera le plus longtemps ?
  29. L’adéquation entre la gamme de puissance chaudière proposée par les fabricants et les besoins estimés : Je n’ai besoin que de 143kW mais le fournisseur ne propose que des modèles à 160 kW.

Voilà une trentaine de bonnes raisons de ne pas hésiter à mettre de la puissance en chaufferie. De plus certaines ne sont pas sous la maitrise du bureau d’étude (ex : le comportement des occupants). Pour limiter les risques, le bureau d’étude aura toujours tendance à prendre une marge de sécurité. In fine, vouloir aboutir à une méthode qui ferait consensus nous parait extrêmement compliqué.

Face à cette longue liste, notre ambition est aujourd’hui d’essayer de faire converger la profession sur certains points. Nous allons donc retravailler tous ses points afin de nous forger un avis sur chacun (comme nous l’avons déjà fait sur le volume du ballon ECS par exemple). Affaire à suivre…

 

Crédits photo : ©shutterstock_Nomad_Soul

Détermination de la puissance d’une chaufferie
MA NOTE