Une solution 100 % gaz naturel dans un foyer d’hébergement

Réalisation

Mis à jour le

Note moyenne :

2/5 (6 avis)

La résidence du Bord de Mer à Calais offre 90 places d’hébergement aux personnes en situation de handicap accompagnées par une cinquantaine de salariés. Bénéficiant de larges baies vitrées, ce lieu de vie observant la RT 2012 est chauffé à l’aide d’une solution 100 % gaz naturel.

Carte d'identité

Date des travaux :
2015-2016
Localité :
Calais
Type de bâtiment :
Foyer d'hébergement
Superficie :
5142 m2
Maître d'ouvrage :
Terre d’Opale Habitat
Architecte :
loda Architectes
Bureau d'études thermiques :
Hélios Ingénierie
Consommations observées :
149,9 KWh/m2.an
Label :
RT2012
Solution retenue :
Chaudières et accumulateurs Gaz

Avec la résidence du Bord de Mer, inaugurée fin 2016, la ville de Calais dispose d’un lieu d’accueil atypique. La création de cette résidence répond à un besoin à la fois précis et complexe : accueillir des personnes présentant une déficience intellectuelle, au degré d’autonomie variable, et notamment aider à se loger des personnes en situation de handicap parvenues à l’âge de la retraite et ne relevant pas des EHPAD (Établissements d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes). C’était une donnée clé du cahier des charges du maître d’ouvrage Terre d’Opale Habitat.

UNE ARCHITECTURE APAISANTE

L’appel d’offres lancé par Terre d’Opale Habitat a été remporté par un groupement au sein duquel l’agence Ioda Architectes assume la maîtrise d’oeuvre. Dans sa note d’intention, l’architecte Anthony Bidal, cogérant de l’agence Ioda, indique vouloir « tenter de proposer aux personnes atteintes de déficiences mentales une appropriation des espaces et, ainsi, leur permettre d’y vivre en parfaite harmonie et de s’ouvrir au monde extérieur ». Cette intention se traduit par l’articulation des différents blocs de la résidence autour d’un patio central végétalisé à l’aide de bambous. L’utilisation de larges éléments vitrés offre une grande ouverture sur le patio. Mêlant bois et briques, les bardages ajourés rapportés sur la façade instaurent un jeu d’ombres et de lumières apaisant.

TROIS ACCUMULATEURS GAZ POUR L’ECS

Sur le plan thermique, le projet devait se conformer à la RT 2012. Le site est constitué de plusieurs blocs compacts constitués d’une structure béton classique avec isolation thermique par l’extérieur. Vu l’importance des baies vitrées entourant le patio, il était nécessaire de travailler avec des menuiseries à faible coefficient de transmission thermique (ici de 1,3 W/m2.K). Selon le bureau d’études Hélios Ingénierie, le Bbio du projet atteint 96,5, tandis que le Cep s’élève à 149,9 kWhep/m2.an. Une solution de production d’ECS solaire thermique avait été étudiée par le BET Hélios. Pour des raisons budgétaires, elle n’a pas pu être intégrée à ce projet. Le bureau d’études thermiques a finalement opté pour la séparation des usages chauffage et ECS. Trois accumulateurs gaz de 85 kW chacun assurent l’usage ECS : deux pour les douches et sanitaires, un pour la cuisine du restaurant. « Disposer de générateurs indépendants pour les besoins d’ECS permet de mettre à l’arrêt le circuit de chauffage central l’été, de fonctionner en basse température sur les circuits chauffage tout l’hiver, afin de privilégier la condensation et donc de booster les rendements des chaudières. Enfin, l’usage des accumulateurs gaz permet de limiter les pertes en ligne en se rapprochant des points de puisage de l’ECS, indique Philippe Guillaume, gérant de Hélios Ingénierie. Par ailleurs, ces appareils donnent la possibilité d’effectuer si nécessaire des chocs thermiques en élevant la production d’ECS à 80 °C. Ils intègrent chacun en leur sein un volume de 190 litres, afin de répondre rapidement à des besoins quotidiens élevés (notamment pour la restauration). »

La résidence du Bord de Mer à Calais
La résidence du Bord de Mer à Calais
La résidence du Bord de Mer à Calais
La résidence du Bord de Mer à Calais

CHAUFFAGE 100% GAZ

La chaufferie accueille en outre deux chaudières gaz à condensation de 170 kW chacune, en cascade, chargées d’alimenter quatre circuits. Trois circuits alimentent respectivement les hébergements du foyer, les appartements et la sous-station destinée à la CTA du restaurant ainsi qu’aux panneaux rayonnants et radiateurs des locaux réservés au personnel administratif. En raison de la distance séparant la chaufferie de cette partie de la résidence, le BET a jugé nécessaire d’installer une sous-station, afin de limiter les pertes de charge sur les circuits de distribution. Enfin, un quatrième circuit est chargé de maintenir hors gel les batteries des autres CTA du site ainsi que les deux ventilo-convecteurs installés en laverie. L’émission de chaleur se fait au moyen de radiateurs dotés de robinets thermostatiques dans la partie logements, tandis que les couloirs bordant le patio central sont équipés de panneaux rayonnants installés en faux plafond. La consigne de température est fi xée à 22 °C, sauf dans les espaces privatifs où les résidents peuvent adapter la température. La GTC chapeautant l’ensemble du circuit de chauffage adapte les lois d’eau (radiateurs ou panneaux rayonnants selon le lieu) à la fois sous l’impulsion de la sonde placée à l’extérieur de la chaufferie et des thermostats se trouvant dans chaque zone. Une période de rodage a été nécessaire pour revoir les réglages de la GTC : « À la livraison, la GTC était restée réglée sur les horaires de chantier ; le chauffage s’arrêtait donc chaque soir à partir de 18 heures, ainsi que les week-ends ! », relève Yohan Pruvot, responsable d’exploitation de la résidence du Bord de Mer. Un dysfonctionnement temporaire qui a pu être rectifi é rapidement.

Deux chaudières gaz à condensation de 170 kW chacune
Deux chaudières gaz à condensation de 170 kW chacune
Deux chaudières gaz à condensation de 170 kW chacune
Deux chaudières gaz à condensation de 170 kW chacune

RÉDUIRE LES SURCHAUFFES ESTIVALES

Le bâtiment n’est pas intégralement climatisé, mais conformément au plan canicule, un groupe frigorifi que a été installé : les résidents doivent disposer d’un espace commun climatisé, afin de ne pas souffrir des trop fortes températures. Dans la résidence, c’est le restaurant qui joue ce rôle : le groupe froid alimente les batteries froides de la CTA du restaurant pour insuffler de l’air neuf rafraîchi. Avec le recul de trois années d’exploitation, il apparaît néanmoins que le confort d’été peut s’avérer problématique dans les espaces administratifs les plus exposés à l’ensoleillement (à proximité du couloir vitré). Une réflexion est en cours pour rafraîchir la résidence, de manière simple et à moindre coût.

Le recours à la climatisation reste un luxe que peu d’établissements peuvent s’offrir (budgets Construction et Exploitation serrés). C’est pour cela qu’elle a été prévue uniquement dans le restaurant, pour être en conformité avec la réglementation. Le confort d’été résulte uniquement des calculs réglementaires, et le bâtiment est bien isolé thermiquement. Par ailleurs, dans le département du Pas-de-Calais, les températures très élevées ne concernent que quelques jours par an. Ce qui peut, certes, occasionner un petit “choc thermique” lorsque l’on passe du restaurant (climatisé) aux locaux proches du patio central ! La conception et l’orientation des bâtiments résultent plus de la vision de l’architecte que de l’ensoleillement. Et les limites parcellaires sont souvent un frein à une réelle optimisation, sauf lorsque l’objectif est d’atteindre le niveau “passif”.
Philippe Guillaume

Philippe Guillaume

gérant du bureau d’études Hélios Ingénierie

Nous sommes sur une température moyenne de 22 °C dans chaque pièce, tout au long de l’année. Cela vaut tant pour les résidents que pour le personnel. Les résidents des appartements disposent également de leur sonde de température et ont la possibilité d’ajuster celle-ci à leur main. Selon les zones concernées (fermées ou vitrées) et la saison, la courbe de chauffe est adaptée : par exemple, à la mi-saison, la température en entrée d’émetteur sera plutôt de l’ordre de 40 °C, tandis qu’elle montera à 60 °C ou plus en plein hiver…
Yohan Pruvot

Yohan Pruvot

agent technique, Afapei du Calaisis

La volonté de l’association était d’avoir un établissement proche du centre-ville car les deux précédents étaient très excentrés, ce qui est important en matière d’inclusion. Au niveau architectural, le maximum de luminosité a été recherché, ainsi que les effets d’ombre et de lumière, aux vertus apaisantes. Les chambres de la section appartements sont toutes équipées d’une douche à l’italienne. Il est possible d’aménager les appartements pour les personnes souhaitant vivre en couple, grâce à un système de portes coulissantes. D’ailleurs, nous avons célébré deux mariages au sein de la résidence !
Aurélie HEDEN

Aurélie HEDEN

Directrice du pôle Habitat - Afapei du Calaisis

Ma note :