Les émissions d’oxydes d’azote gazeux (NOx), reconnues nocives pour la santé, proviennent essentiellement du parc de véhicules à moteur thermique (62 % selon les données CITEPA mises à jour en avril 2017), puis de l’industrie (18 %) et du secteur résidentiel (11 %). « Bien que les chaudières gaz se caractérisent par de très faibles émissions, la Commission européenne demande aux fabricants d’aller encore plus loin dans ce domaine », rappelle Thierry Rocque, de la Délégation marketing stratégique de GRDF. Ces exigences ont été précisées par le règlement (UE) n° 813/2013 qui faisait lui-même suite à la directive européenne 2009/125/CE relative à l’écoconception des produits, dite ErP (Energy related Products).
À compter du 26 septembre 2018, les fabricants ont interdiction de mettre sur le marché des dispositifs de production de chaleur (chauffage ou mixte : chauffage et ECS) par chaudière, dès lors que leurs émissions de NOx dépassent 56 mg/kWh PCS de combustible consommé dans le cas du gaz naturel (120 mg/kWhPCS pour le fioul). Et cela, jusqu’à 400 kW de puissance thermique nominale.
LES B1 DEVIENNENT BAS NOx
Les fabricants se sont emparés de cette évolution réglementaire et ont fait le nécessaire pour faire évoluer leurs produits techniquement. « Les chaudières gaz à condensation répondaient déjà – ou tant s’en fallait – à cette exigence. À l’inverse, les chaudières standard n’étaient pas bas NOx. Elles le sont devenues après une refonte technique plus ou moins poussée selon les fabricants », indique Thomas Cascarre, chef de produits chez GRDF.
En interdisant depuis 2015 la mise sur le marché des chaudières n’offrant pas au moins 86 % d’efficacité énergétique saisonnière (en deçà de 70 kW de puissance thermique nominale), le règlement 813/2013 n’a maintenu sur le marché qu’un seul type de produit standard : le type B1 (non étanche). Cette solution technique est conservée pour répondre à certaines configurations d’évacuation des produits de combustion par conduits collectifs. Pour ce cas particulier, le règlement fixe en effet l’efficacité énergétique minimale à 75 % (jusqu’à 10 kW, ou 30 kW pour les chaudières mixtes). S’agissant des émissions de NOx, ces chaudières B1 ne bénéficient en revanche d’aucun traitement de faveur et doivent donc, elles aussi, respecter le seuil de 56 mg/ kWhPCS pour rester sur le marché.
« Les chaudières de type B1 correspondent à un parc européen d’environ 5 millions de logements raccordés à des conduits collectifs pour lesquels le passage à la condensation pose problème. En effet, ce type d’évacuation – dans un conduit qui devrait alors être rénové – exige le remplacement de toutes les chaudières de l’immeuble en même temps », explique Thierry Rocque. Dans le logement social, le budget peut s’avérer très lourd, tandis que dans le privé, il est difficile, voire impossible, d’obtenir l’accord simultané de tous les copropriétaires. « Le texte n’interdit pas explicitement les chaudières de type B1 pour d’autres applications que l’évacuation collective, précise l’expert GRDF. Toutefois, en France, la RT dans l’existant n’autorise la B1 avec un conduit individuel que si la longueur de ce conduit excède 10 mètres. »
La chaudière de type B1 est un dispositif non étanche de chauffage des locaux par combustible. Il comporte un coupe-tirage antirefouleur, destiné à être raccordé à un conduit à tirage naturel évacuant les résidus de combustion à l’extérieur de la pièce où est installé le dispositif de chauffage, et qui prélève l’air comburant directement dans cette pièce. L’article 4 de l’arrêté du 22 mars 2017 applicable depuis le 1er janvier 2018 spécifie les conditions d’installation :
« Une chaudière non étanche à coupe-tirage de type B1 ne peut être installée, y compris en remplacement d’une chaudière du même type, qu’en logement collectif sur un conduit commun à plusieurs logements existants, ou en logement collectif sur un conduit individuel de plus de 10 mètres de longueur. »
CHAUDIÈRE B1, UNE ALTERNATIVE EN RÉNOVATION
« Avec leurs nouveaux modèles qui émettent trois fois moins de NOx qu’avant la directive ErP, tout en étant plus compacts, les fabricants prouvent que la B1 constitue une solution de rénovation alternative pertinente et moderne dans les logements collectifs anciens. Elle s’applique dès lors que des difficultés de mise en oeuvre de chaudières à condensation existent, principalement en remplacement des chaudières raccordées à des conduits de type shunt et VMC gaz », se félicite Jérôme Maldonado, responsable des activités chaudières et brûleurs gaz/fioul au syndicat Uniclima. Selon lui, toute la difficulté du travail mené par les industriels a été d’aboutir à une
réduction des émissions de NOx, en diminuant la température de flamme, sans pour autant dégrader d’autres paramètres de l’hygiène de combustion ou pénaliser le rendement. « Au final, des compromis satisfaisants ont été trouvés avec un impact maîtrisé sur les prix de vente. »
Parmi les solutions techniques mises en oeuvre dans ces nouvelles B1, déjà présentes ou prévues au catalogue des fabricants, Jérôme Maldonado cite le refroidissement par eau des brûleurs, le raccourcissement des flammes et/ou le redimensionnement des corps de chauffe.
VENTES 2017 (Source Uniclima au 31/12/2017) : 606 113 chaudières < 70 kW
dont 114 766 chaudières B1 (gaz murales et au sol) : - 3,5 % par rapport à 2016
dont 436 113 chaudières à condensation (gaz murales et au sol) : + 7,8 % par rapport à 2016