Convaincu que l’optimisation de l’exploitation-maintenance d’une chaufferie pouvait générer des gains importants, GRDF a mandaté le bureau d’études REON Ingénierie pour lister et quantifier les actions d’économie d’énergie et leur impact au plan financier, énergie et carbone. Charge à lui de trouver une copropriété sur laquelle appliquer la liste des actions à mener. Dans ce cadre, REON Ingénierie a sollicité le syndic de copropriétés Clardim. L’étude-pilote a ainsi été réalisée sur la chaufferie d’une copropriété située à Arcueil, dans le sud de Paris.
Les principales étapes de la démarche
• Récupération et traitement des données de la copropriété (descriptif des logements, factures mensuelles de gaz et d’électricité de l’immeuble, travaux réalisés, etc.)
• Visite technique de la chaufferie (inventaire des installations, relevé des principes de fonctionnement, carnet de santé et problèmes récurrents, etc.). À l’issue de cet audit, le bureau d’études doit déjà percevoir les principales sources d’économie.
• Identification des actions envisageables en application de la liste élaborée en amont de l’étude
• Évaluation des gains et économies d’énergie.
Julien Galli, gérant de REON Ingénierie, a donc listé toutes les actions d’économie envisageables en chaufferie dans les domaines de la conduite, du réglage et de l’entretien. Puis il a estimé une fourchette de gains potentiels pour chacune de ces actions, sur trois critères : financiers, consommations d’énergie, émissions de CO2. Cette méthode élaborée en application des fondamentaux CVC, est applicable à la plupart des chaufferies gaz, qu’il s’agisse de copropriétés, de logements sociaux ou de bâtiments tertiaires.
Le cas pratique de la chaufferie de la copropriété d’Arcueil
Cette copropriété de 108 logements a été construite en 1962. La chaufferie qui alimente les planchers chauffants et fournit l’ECS a été rénovée en1998. En 2013, une campagne de travaux a été menée : traitement de l’ensemble des façades en polystyrène graphité, réfection des étanchéités de la terrasse, remplacement des portes palières. « Ces travaux avaient permis d’obtenir 36 % d’économie sur les consommations de gaz, sans nouvelle intervention sur la chaufferie », note Laurent Carlier, gérant de Clardim. Un niveau RT 2012 était ainsi atteint.
Dans le cadre de l’étude, les principales actions identifiées portent sur :
- la disponibilité des chaudières : deux chaudières avaient été installées lors de la rénovation de 1998. Avec les travaux d’isolation réalisés en 2013, il s’avère qu’une seule chaudière est suffisante. Une régulation de la cascade a été mise en place ;
- l’adaptation des débits des pompes ;
- le réglage des consignes et vérification des sondes ;
- la régulation : mise en place de réduits de nuit sur les planchers chauffants, température de non-chauffe adaptées aux caractéristiques de l’enveloppe, ajustement des consignes de température pour l’ECS.
Alors que ces actions ne requièrent aucun investissement, les gains énergétiques, environnementaux et financiers sont tout à fait remarquables : -11 % pour le gaz, -20 % pour l’électricité. La chaufferie étudiée disposant d’un compteur électrique dédié, l’étude a en effet pu porter sur ses consommations de gaz et d’électricité. « C’est un retour à l’utilisation rationnelle de l’énergie. Les gains résultent d’actions de type chasse au gaspi, qui semblent évidentes, mais sont souvent négligées. Or cumulées, elles permettent des gains réels, intéressants dans le contexte actuel. Elles sont par ailleurs envisageables sur les chaufferies de nouvelle comme d’ancienne génération », souligne Julien Galli.
L’étude commanditée par GRDF a atteint son but : montrer qu’il est possible d’abaisser encore les consommations de gaz pour le chauffage et l’ECS d’une chaufferie de 25 ans, sans nouvel investissement.
À ce stade de l’étude, il s’agit de gains théoriques. « Une deuxième mission est en cours afin de mesurer l’impact réel des actions préconisées par le bureau d’études et mises en œuvre par l’exploitant. Nous allons suivre les économies réellement générées au cours d’une saison de chauffe complète », conclut Nicolas Mauger, Ingénieur Efficacité Énergétique GRDF. À suivre !