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Actualité

La RE2020 change la donne entre chauffage individuel ou collectif

Mis à jour le
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En introduisant un volet carbone, la RE2020 a bouleversé en profondeur le choix entre solution de chauffage individuel ou collectif. En logement collectif, les chaudières gaz individuelles sont désormais l’exception et les solutions hybrides gaz, aujourd’hui majoritairement collectives, cherchent encore à faire valoir leurs arguments auprès des maîtres d’ouvrage.

Dans la conception d’un projet de logement collectif, qu’a changé la RE2020 dans le choix entre solution individuelle ou collective ?

- Nathalie Tchang : Tout dépend d’abord du seuil de performance (2020 ou 2025) visé par le promoteur ou le bailleur. De nombreux maîtres d’ouvrage sont engagés dans des stratégies bas carbone et nous demandent dès à présent d’anticiper le niveau 2025. La demande peut aussi émaner des aménageurs. L’étiquette DPE entre également en ligne de compte

- Isabelle Langlais : Les maîtres d’ouvrage veulent communiquer sur des étiquettes A ou B. Avec la chaudière gaz et certains réseaux de chaleur, on est plutôt sur une classe C, mais les solutions hybrides permettent d’atteindre les étiquettes A ou B. Je viens malgré tout de conseiller à un maître d’ouvrage des chaudières individuelles pour un projet de 14 logements qui ne visait pas les seuils 2025 de la RE2020. On était assez contraint, sans possibilité de local technique, et la chaudière individuelle était la solution la plus pertinente.

Quel rôle tient la taille du projet ?

- N.T. : C’est le troisième critère de choix. Sur les opérations de moins de 20 logements, on s’arrache les cheveux! Mettre en place une solution collective est contraignant et cher en infrastructure pour créer un local technique. Les solutions hybrides gaz ou tout PAC ne sont pas bien adaptées à l’individuel : mettre des unités en façade n’est pas esthétique, notamment si les combles sont aménagés. Il faut aussi prendre en compte les périmètres classés. L’offre de PAC hybrides individuelles est encore très pauvre, reste chère ou nécessite la mise en place d’unités extérieures. Il faudrait que les industriels développent des solutions hybrides très compactes, individuelles ou collectives de petite puissance pour répondre à ces typologies de bâtiment.

- I.L. : Pour viser les seuils 2025 de la RE2020, nous retrouvons aussi ce ratio de 20 logements au-delà duquel un chauffage collectif peut-être envisagé. En dessous, les solutions individuelles sont pertinentes économiquement mais compliquées à mettre en place: le combo chauffe-eau thermodynamique+ rayonnants électriques n’est heureusement plus possible et la chaudière seule ne répond plus aux seuils 2025. Et dès que l’on parle de PAC, nous sommes confrontés à des problématiques visuelles et acoustiques.

Ce seuil était d’une trentaine de logements pour la RT2012…

- N.T. : En effet, la RE2020 a renchéri le coût des solutions individuelles. Les PAC sont plus onéreuses que les chaudières gaz murales et le traitement acoustique des PAC revient aussi cher par logement.

Et concernant les opérations de plus grande taille?

- N.T. : Entre 20 et 50 logements, les fabricants de PAC pratiquent des tarifs agressifs. Ils mettent en avant la simplicité d’avoir une seule énergie.

- I. L. : Deux énergies signifient deux raccordements, deux contrats de maintenance. Et la présence d’une chaufferie avec un conduit de fumées a des impacts sur le plan de conception. A contrario, les solutions hybrides réduisent la taille des unités extérieures et les nuisances sonores. Ainsi, il y a certains cas où on arrive à mettre en avant les hybrides, plus petites que les PAC tout électriques, pour se conformer au PLU. La puissance gaz ne coûte pas chère : on peut donc dimensionner les chaudières à 100 % des besoins en secours des PAC et pas uniquement en appoint. De plus, en été, il est possible de couper les PAC la nuit et de produire l’ECS avec les chaudières. Enfin selon le nombre de logements, on peut aussi éviter la mise en place d’un transformateur électrique.

- N. T. : À partir d’une vingtaine de logements, je suis également très favorable aux solutions hybrides. Un autre avantage est le choix de l’énergie. Cette flexibilité, dans un contexte où le prix du kWh électrique est aujourd’hui inférieur au prix réel, est rassurante. Cette solution permet aussi de réduire la puissance des PAC et de les faire fonctionner à leur optimum, avec une grande sécurité d’usage. Par ailleurs, on manque encore de recul sur le fonctionnement mixte des PAC tout électriques, à basse température pour le chauffage et à haute température pour l’ECS.

Quel est l’impact des fluides frigorigènes ?

- N.T. : L’indice IC énergie a l’impact le plus fort. Pour les opérations de moins de 20 logements, où l’on perd en compacité, le critère IC construction entre aussi en compte. Quand on ajoute des PAC, avec des fluides frigorigènes, cela devient plus compliqué de respecter le lot 8 de l’IC construction.

Observez-vous des disparités entre l’Île-de-France et la province ?

- I.L. : En Île-de-France, les promoteurs se veulent exemplaires. Ils cherchent aussi à se démarquer en affichant un seuil de performance plus élevé qu’en province, où les seuils 2022 s’appliquent plus souvent et où il est donc encore possible de mettre en place des chaudières individuelles.

- N.T. : La plupart des bailleurs sociaux, quant à eux, visent le seuil 2025, en Île-de-France comme en province.

- I.L. : On a beau leur démontrer que l’hybride gaz est moins cher et plus intéressant techniquement, ils ne veulent rien entendre, sans vraiment justifier les raisons de leur refus, et ils écartent les thématiques de coût d’exploitation et de nuisances acoustiques

- N.T. : Nous sommes face à des maîtres d’ouvrage qui poursuivent une stratégie RSE et qui ont décidé de basculer en tout électrique pour gagner rapidement des points en carbone. C’est moins onéreux de réduire l’impact carbone du IC énergie qu’en réduisant l’impact carbone du IC construction !

- I.L. : Néanmoins ces projets chiffrés initialement en 100% PAC sont rattrapés par une réalité économique et les solutions hybrides commencent à susciter l’intérêt. L’instrumentation et le suivi de ces premiers projets permettront de rassurer les maîtres d’ouvrage sur cette solution et de prouver ses atouts.

À RETENIR

- En favorisant les PAC tout électriques, la RE2020 a renchéri le coût de ces solutions individuelles.
- Les PAC hybrides offrent une solution compétitive et pratique en installation collective.
- L’hybridation permet de réduire de nombreuses contraintes : surface technique en toiture moins importante, chaudière dimensionnée pour prendre le relai en cas de panne, appel de puissance électrique plus faible, évolution du prix des énergies.
- Les PAC électriques collectives séduisent les MOA d’immeubles de logements, sans avoir encore un recul suffisant sur le fonctionnement mixte des PAC tout électriques, à basse température pour le chauffage et à haute température pour l’ECS.
     À partir d’une vingtaine de logements, je suis très favorable aux solutions hybrides.
Nathalie Tchang
Présidente de Tribu Energie
     « Les solutions hybrides gaz sont compétitives et présentent de nombreux avantages comme le respect du seuil 2025 de la RE2020.
Isabelle Langlais
directrice technique du BET Kerexpert
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