On parle beaucoup de Smart City. De quoi s’agit-il exactement ?
David Le Noc : En 2050, 70 % de la population mondiale sera citadine, contre 50 % aujourd’hui. Pour faire face à cette mutation, les villes, de plus en plus denses, vont devoir s’adapter et devenir plus intelligentes, plus connectées et plus performantes. Cette évolution concerne tous les domaines de la vie : santé, éducation, déplacement… et, bien sûr, l’énergie. La Smart City est une projection dans le futur de la ville que l’on connaît aujourd’hui.
Quelles sont les mutations en cours dans le domaine de l’énergie ?
D. Le N. : On peut les résumer par « les trois D » : décarbonation, décentralisation et digitalisation. La décarbonation traduit l’évolution des modes de production, des énergies fossiles vers des énergies renouvelables. La décentralisation vise à rapprocher production et consommation. La production décentralisée progresse : photovoltaïque et éolien pour l’électricité, production de biométhane pour le gaz. Les exploitations agricoles injectent du gaz vert dans le réseau. La digitalisation, enfin, passe par le comptage. Le compteur gaz communicant (Gazpar), en cours de déploiement, va permettre de proposer aux usagers des services d’effacement énergétique et d’amélioration de leur consommation.
Des interactions nouvelles se créent aussi entre réseau gazier et électrique…
D. Le N. : Les énergies deviennent complémentaires. Le réseau de gaz peut venir en appui au réseau électrique en période de pointe. En aval, on s’appuie sur des systèmes flexibles : hybrides ou cogénérations. Les PAC hybrides fonctionnent à l’électricité ou au gaz de manière indifférente. L’agrégateur, nouvel acteur dans le domaine de l’énergie, pilote à distance les systèmes de flexibilité. Lors de contraintes sur le réseau électrique, il va les faire basculer de l’électricité vers le gaz, de manière à soulager le réseau électrique sans modification du confort. La cogénération permet de produire et de consommer sa propre électricité, pour là aussi soulager le réseau. GRDF participe à un démonstrateur sur l’agglomération niçoise qui est la brique française du projet européen InterFlex visant à expérimenter différentes solutions de flexibilité chez des clients du résidentiel et du tertiaire.
Quand ces solutions de flexibilité seront-elles déployées ?
D. Le N. : À l’horizon 2030-2050. Nous sommes aujourd’hui en phase de R&D avec la mise en place des premiers démonstrateurs de flexibilité (projet Nice Smart Valley), mais aussi de Power to Gas (Projet Grhyd à Dunkerque). En amont, ces derniers permettent de transformer les excédents d’électricité renouvelable en gaz et de bénéficier des capacités de stockage et des modes de valorisation du réseau gazier.
Kléber Daudin
Gérant du BET Kléber Daudin
Youness HSSAINI
Responsable efficacité énergétique - GRDF CEGIBAT
Nice Smart Valley est l’un des cinq projets menés dans le cadre du projet européen InterFlex qui vise à améliorer la performance du système électrique local en testant de nouvelles solutions de flexibilité et d’automatisation. Six partenaires participent à ce démonstrateur : Enedis, GRDF, Engie, EDF, General Electric et Socomec. Les trois expérimentations concernent la flexibilité, le stockage d’énergie et l’îlotage. L’objectif est notamment de bâtir des ponts entre les réseaux gaz et électriques et plus précisément, de démonter que le réseau gaz est « smart » et apte à la complémentarité entre réseaux.