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Actualité

Ingénieurs thermiciens : tout ne s’apprend pas à l’école

Mis à jour le
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Les prescripteurs énergétiques de demain sont encore sur le banc de l’école. Au terme de leur cursus, ils trouveront assez facilement un emploi d’ingénieur thermicien, le plus souvent lors d’une période de stage. Formation, modes de recrutement, compétences attendues… Un formateur et deux bureaux d’études livrent leur expérience.

Ingénieurs thermiciens : tout ne s’apprend pas à l’école

Comment devient-on thermicien ?

Bruno Auvity : Généralement, au terme de cinq ans d’études, en suivant l’une de ces trois voies : DUT génie thermique et énergie puis, après concours, école d’ingénieur ; classe préparatoire puis grande école ; ou encore, école spécialisée en thermique et énergétique, comme le réseau Polytech ou les INSA. Ces cursus forment en mécanique, transferts thermiques et énergétiques. On y acquiert aussi bien des compétences en modélisation et conception qu’en conduite d’installation et instrumentation.

L’apprentissage passe-t-il par des stages en entreprise ?

B. A. : Oui, cela comprend des stages de découverte en bac + 3 jusqu’aux stages d’assistant-ingénieur de six mois en bac + 5. La moitié des élèves de Polytech trouvent leur première embauche dans l’entreprise où ils ont fait leur stage de fin d’études.
Benjamin Tirbois : En effet, la plupart de nos jeunes ingénieurs ont réalisé leur stage de fin d’études dans notre entreprise. C’est un bon moyen de tester une potentielle future collaboration et d’améliorer l’intégration.
Jean-François Coroller : Je partage totalement l’idée que privilégier une période de stage avant l’embauche donne une bonne idée des aptitudes.

6 mois est la durée conventionnelle d’un stage en bac + 5 pour un élève ingénieur


Les jeunes diplômés trouvent-ils facilement un poste ?

B. A. : Les deux tiers des jeunes embauchent le jour de l’obtention de leur diplôme. Quatre mois plus tard, ils sont 85 % à avoir été recrutés. Le diplôme d’ingénieur ouvre grand le marché du travail, particulièrement dans le domaine de l’énergie.
J.-F. C. : La forte demande de thermiciens rend difficile les recrutements de personnes compétentes. Nous essayons de les « séduire » avec un parcours professionnel au sein de l’entreprise et des passerelles vers d’autres métiers (fluides, électricité et acoustique).
B.T. : Le recrutement est plus compliqué pour les sociétés d’ingénierie à Paris car, d’une part, une partie des jeunes diplômés souhaitent retourner en province et, d’autre part, la forte activité actuelle en région parisienne implique un besoin de recrutement important. De notre côté, nous nous attachons à donner du sens à notre activité de conseil ce qui nous permet de séduire certains des meilleurs profils et de continuer notre développement.
J.-F. C. : Nous n’avons pas de difficultés particulières à recruter. En effet, les projets franciliens représentent un volume important d’affaires, dont quelques pépites technologiques. La création d’un parcours professionnel adapté aux volontés de potentielles recrues ainsi que la définition de nos valeurs nous permettent d’être attractifs, aussi bien pour des profils débutants que pour des profils expérimentés.

Quel regard portez-vous sur la formation telle qu’elle est dispensée ?

B. T. : Les formations de qualité existent mais elles vont devoir évoluer vers un champ de compétences plus large car nos métiers évoluent vite et sont de plus transversaux lorsque nous parlons de maîtrise des impacts environnementaux. Enfin, le diplôme, s’il est important, ne suffit pas à faire un bon professionnel. La personnalité, la relation aux autres et la volonté influencent autant son parcours que sa formation initiale.
J.-F. C. : Pour notre part, nous constatons que les jeunes diplômés sont un peu déconnectés de la réalité des projets et ont peu l’expérience des logiciels utilisés en production. Je remarque aussi des difficultés de communication. Mais la compétence dont nous avons le plus besoin est le bon sens. Et cela ne s’apprend pas forcément à l’école. Ainsi, nous accordons autant d’importance aux qualités humaines qu’au diplôme, et nous recherchons quelqu’un en accord avec nos valeurs : esprit d’équipe, curiosité intellectuelle et implication. Ce sont ces critères qui nous ont amenés à embaucher récemment un bac + 5, un bac + 2 et une personne en alternance depuis trois ans.
B. A. : Les écoles sont assujetties à la validation des programmes par la Commission des titres d’ingénieurs, qui réunissent formateurs et professionnels. Près d’un tiers de notre enseignement est dispensé par des ingénieurs, en lien avec la réalité de la pratique de l’ingénierie dans les entreprises. Pour celles-ci, c’est aussi une manière de se faire connaître auprès des jeunes.

Comment accompagnez-vous les jeunes à la recherche d’un emploi ?

B. A. : Les entreprises alimentent nos bases de données avec des offres d’emploi qui sont largement consultées. Nous les faisons suivre aux jeunes diplômés pendant cinq ans.

Et en tant qu’entreprise, comment recrutez-vous ?

B. T. : Nous proposons des offres de stage directement aux écoles d’ingénieurs et sur notre site web. Aujourd’hui nous recrutons essentiellement grâce aux réseaux sociaux professionnels et les cabinets spécialisés.
J.-F. C. : Cela passe beaucoup par les stages ou l’alternance que nous proposons aux écoles. Nous venons aussi de recruter une personne pour notre communication sur les réseaux sociaux, et faisons ponctuellement appel à un cabinet de recrutement.

Que vous apportent ces jeunes recrues ?

J.-F. C. : Leur regard neuf est toujours une remise en question de notre méthode de travail. Cela nous permet également de découvrir de nouveaux outils, comme des logiciels de gestion de projet.
B. T. : Ils ont cette envie d’être acteurs du changement environnemental qui, mêlée à leurs compétences numériques, nous apporte une amélioration continue de nos méthodes et conforte le sens que nous donnons à nos métiers.

     Un parcours de formation en interne accompagne les nouvelles recrues de notre pôle thermique.
Jean-François Coroller
Directeur du bureau d'études Kerexpert
     Des ingénieurs interviennent dans notre formation tout au long du cursus.
Bruno Auvity
Directeur du département Thermique Énergétique à Polytech Nantes
     L’ingénierie environnementale et technique est en plein essor.
Benjamin Tirbois
Cogérant du bureau d’études Albdo, Nantes
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