Chaque année, le PTNB (Plan de Transition Numérique du Bâtiment) réalise un observatoire sur l’utilisation du BIM par les professionnels du bâtiment.
En mai 2018, Cegibat approfondit l’observatoire national et conduit en complément une enquête auprès de 113 bureaux d’études thermiques (BET) pour faire un état des lieux sur la pratique du BIM au sein de l’Ingénierie et recueillir l’avis de la profession sur les atouts et freins de la démarche. L’enquête composée d’une trentaine de questions nous révèle que :
77% des interviewés utilisent le BIM dans leur entreprise, depuis 3 ans en moyenne
Seuls 5% n’ont pas ou que très peu de connaissance sur le BIM. Les bureaux d’études se déclarent débutants (71%), confirmés (22%) et expert (2%). Cela correspond bien au niveau de maturité du BIM actuel : les méthodes et organisations se mettent progressivement en place dans le monde du bâtiment.
La majorité des bureaux d’études se sont lancés dans l’aventure du BIM depuis 3 ans environ
Motivations pour se lancer dans le BIM : se préparer à une obligation réglementaire, répondre à un marché et améliorer la qualité des projets
La majorité des répondants se sont lancés dans le BIM car ils constatent que cette nouvelle méthode collaborative se déploie et qu’elle deviendra à terme une pratique inéluctable pour concevoir, entretenir et rénover les bâtiments. Leurs motivations principales sont :
- anticiper une éventuelle obligation réglementaire : des annonces régulières des pouvoirs publics encouragent la démarche bien qu’aucun cadre d’application et d’obligation ne soient fixés à ce jour.
- répondre à un marché : les maîtres d’ouvrage imposent de plus en plus souvent l’utilisation du BIM pour la construction ou la rénovation de bâtiments. Cela constitue une bonne opportunité de montée en compétences pour les équipes de maîtrise d’œuvre
- améliorer la qualité des projets : via l’utilisation de logiciels orientés BIM, une meilleure collaboration avec les autres acteurs, l’anticipation des problèmes sur chantiers…
Coût de mise en place du BIM : 12 k€/collaborateur
Vu des répondants à l’enquête, l’investissement pour se lancer dans le BIM est un des freins à son développement. En effet, les répondants estiment en moyenne à 12 000 € par collaborateur, l’effort financier à engager pour implémenter le BIM au sein de la structure (formation, achat de logiciels, achat de matériel et perte d’efficacité lors des premiers mois de mise en place) sans certitude sur le gain escompté.
La démarche BIM est principalement utilisée par les bureaux d’études pour le dessin, la visualisation 3D, la conception détaillée, le calcul des métrés/quantitatifs, ainsi que la synthèse.
Le BIM pour le neuf et le tertiaire…mais pas que !
Le BIM est aujourd’hui majoritairement utilisé pour les projets neufs (90% des réponses) et tertiaires (75%) mais le résidentiel n’est pas à la traîne avec 1 projet sur 2 étudiés par l’échantillon interviewé. A noter que l’utilisation du BIM en rénovation avec ou sans scan 3D se démocratise de plus en plus.
62% des répondants considèrent qu’il n’y a pas de taille de projet minimum pour travailler en BIM. Cependant, les atouts de la démarche semblent présenter moins d’intérêt pour la maison individuelle (simplicité du projet à la conception et rénovation, complexité moindre des objets…). Quelques témoignages pour illustrer ce constat :
« A ce stade de maturité des différents acteurs, l'investissement en temps pour rentrer dans un projet et collaborer efficacement avec les partenaires nécessite qu'il soit conséquent. »
« projet très technique, de forme complexe, honoraires supérieur à 100 000 €, > 5000 m² »
Atouts et freins du BIM
Les bureaux d’études répondent que les principaux atouts du BIM sont :
- meilleure collaboration (63%)
- meilleure qualité des projets (61%)
- simulations facilités (29%)
- moins de problèmes sur chantiers (14%)
Et que les freins au développement du BIM sont :
- niveau compétences des acteurs (86%)
- pas de valorisation des honoraires (72%)
- collaboration difficile (51%)
- demandes MOA pas claires (49%)
- logiciels pas au point (41%)
- objets BIM pas disponibles (35%)
Il reste encore de nombreux challenges à relever pour que le BIM soit facilement utilisable et que tous soient convaincus de ses avancées, que ce soit au niveau de la formation des professionnels (le point majeur), de la valorisation du temps passé dans les honoraires, des processus collaboratifs non maîtrisés, des logiciels à mettre à jour…Mais ceux qui se sont lancés, perçoivent une réelle amélioration de la qualité des projets.
Revit, principal logiciel utilisé par les bureaux d’études
- Revit est le logiciel le plus utilisé (76% des BE) suivi par Plancal Nova (28%)
- Les autres logiciels métiers utilisés par les répondants à l’enquête en lien avec la maquette numérique sont : Sketchup, Fisa BIM, Therm ACV, ClimaBIM, Tekla, Naviworks, Stabicad, Solibri model checker
- Les plateformes collaboratives BIM sont encore peu utilisées : plateforme dédiée à chaque projet (35%), plateforme de type Dropbox/ Google drive (32%), aucune (32%), plateforme de votre entreprise (15%), Kroqi (4%)
- Convention et charte BIM sont connues mais ne sont pas encore systématiques : 52% d’utilisation
- 30% ont un BIM manager au sein de leur entreprise
Objets BIM du génie climatique
- Les informations importantes pour un objet BIM : dimensions, caractéristiques techniques, zone de maintenance, connecteurs.
- 83% utilisent des objets génériques.
- Les objets BIM utilisés dans les projets proviennent de :
- bibliothèques fabricants (82%)
- bibliothèques intégrées aux logiciels (76%)
- bibliothèques en ligne (52%)
- bibliothèques internes (46%)
- Objets BIM du gaz naturel
- 27% connaissent les objets gaz et les apprécient pour leur simplicité, propriétés, visuels, format.
- Les évolutions souhaitées sont indiquées dans le graphique suivant.
Pour conclure, les termes que ces professionnels utilisent pour caractériser l’avenir du BIM en France : incontournable, généralisation, automatique, croissance, modernisation….